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Une trace matérielle originale d'un auteur inconnu

Un tableau du XVe siècle, représentant les différentes scènes de la vie de Saint-Joseph, est actuellement restauré et étudié à l'IRPA. Il provient de l'église Sainte-Catherine à Hoogstraten. Aline Genbrugge, conservatrice-restauratrice dans l’Atelier des peintures, nous en parle.

Une œuvre anonyme

Ce panneau du XVe siècle provient de l'église Sainte-Catherine à Hoogstraten et représente les différentes scènes de la vie de Saint-Joseph : son mariage, sa déception lorsqu’il apprend que l’enfant que Marie attend n’est pas de lui, puis sa rencontre avec l’Ange. La scène centrale est consacrée à la Nativité. Aline Genbrugge, en charge de la conservation-restauration de ce tableau à l’Atelier des peintures, explique : “Son auteur est inconnu. Nos équipes ont été chargées de le déterminer, particulièrement au Centre d'étude des Primitifs flamands. Il a été comparé à une œuvre de Robert Campain se trouvant aujourd’hui au Prado, car elle représente la même scène, mais il s’agirait d’un autre artiste. Nous avons également demandé à Pascale Fraiture, responsable du Labo de dendrochronologie, de réaliser une étude du bois afin d’obtenir une date plus précise, ce qui pourrait aider les historiens de l’art dans l'attribution.”

Trois planches aujourd’hui visibles

Le panneau est composé de trois planches horizontales avec trois traverses originales chevillées au revers. “Le panneau a malheureusement subi des dégâts d’eau: étant contraints par ces traverses, les joints se sont ouverts. Le bois a, en effet, naturellement tendance à bouger, gonfler ou se rétracter en fonction des variations hygrométriques, c'est-à-dire les degrés d'humidité de son environnement.” Ce n'est pas la première fois que le tableau a été restauré au niveau de la couche picturale. Aline Genbrugge: “Nos bases de données photographiques ont montré que le joint supérieur s'est ouvert assez tôt dans son histoire matérielle. Nous avons détecté au moins quatre différentes interventions.”

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Aline Genbrugge

“C’est passionnant de travailler sur une œuvre encore authentique, avec la présence des traverses originales. Le défi est de trouver des solutions pour conserver sa structure originale tout en stabilisant le panneau. Cela permettra de retrouver une bonne appréciation et lecture claire de cette œuvre exceptionnelle pour les générations futures.”

Aline Genbrugge, conservatrice-restauratrice à l'IRPA

Des détails retrouvés

L’imagerie par ultraviolet a permis de visualiser les divers vernis qu'Aline a aujourd’hui enlevés. “Après le nettoyage de la couche picturale, le tableau gagne en luminosité et en profondeur. Sont aujourd’hui visibles des détails qui avaient complètement disparu au niveau du feuillage, des imitations de marbrures, des volumes. Ces détails alors cachés par ces couches de vernis tellement irrégulières et oxydées. Le drapé de Marie, alors décrit comme vert, se révèle ainsi d’un bleu profond.” Le travail n’est pas encore fini: les petites lacunes seront mastiquées, ensuite l'œuvre sera retouchée et une nouvelle couche de vernis sera appliquée sur l’ensemble afin de redonner saturation et profondeur à toutes les couleurs.

L’église Sainte-Catherine étant en rénovation, le public devra attendre un ou deux ans avant de pouvoir l'admirer, car les conditions d'exposition de l’œuvre doivent encore être étudiées. D’ici là, peut-être aura-t-on retrouvé son auteur.

Cette photo, datant de 1916, est disponible en accès libre sur notre base de données Balat. Elle montre qu'à cette époque, c'est le joint supérieur qui était ouvert. D'autres clichés seront rendus accessibles prochainement.

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