Les carreaux de faïence de la Maison picarde à Mouscron
La salle de bal de la Maison picarde à Mouscron est ornée de pas moins de 4 000 carreaux muraux de faïence. Réalisés entre 1922 et 1923 par la Maison Helman Céramiques d’Art de Berchem-Sainte-Agathe, ils forment un magnifique ensemble de panneaux figuratifs et allégoriques sur une surface de près de 100 m². Cet ensemble exceptionnel, tant par ses dimensions que par la qualité de sa réalisation, est un exemple emblématique de la céramique décorative de l’entre-deux-guerres.
De la peinture à la céramique
En 1922, le mouvement ouvrier mouscronnois entreprit la construction du Palais des Fêtes, un vaste complexe comprenant, entre autres, un cinéma, une bibliothèque, des bureaux et une salle de bal. Le « palais » fut inauguré le 10 novembre 1923. La salle de bal se situe au premier étage de l’aile qu’on appelle aujourd’hui Maison picarde ‒ la seule partie de l’édifice encore conservée à ce jour. À l’origine, il était prévu de décorer cette salle avec des peintures, mais on opta finalement pour des carreaux de faïence décoratifs de la Maison Helman à Berchem-Sainte-Agathe, certes onéreux mais plus durables. Ce projet compte parmi les réalisations les plus impressionnantes de la firme Helman.
Des faïences comme un livre d’histoire
Les carreaux de faïence qui ornent la salle de bal de la Maison picarde tapissent les murs tels 6 immenses tableaux, ainsi que les pilastres ‒ des colonnes plates, encastrées dans le mur, formant une légère saillie. Certains carreaux sont recouverts d’une couche d’émail d’une seule couleur. D’autres sont décorés d’émaux de différentes couleurs et forment ensemble une scène figurative : par exemple, une représentation des travaux aux champs ou des motifs floraux sur des frises décoratives. Les panneaux figuratifs illustrent la vie ouvrière et témoignent de l’histoire sociale et culturelle de la ville de Mouscron. Sur le revers de ces carreaux figurent une lettre et des numéros. C’est grâce à ces indications qu’en 1923, les frères Vandecasteele, des carreleurs mouscronnois, savaient précisément où il fallait placer chaque carreau. L’ensemble de la décoration de la salle comprend près de 4 000 carreaux sur une surface de quelque 100 m².
Le temps presse pour ces faïences !
Les dégâts causés par des infiltrations d’eau ont sérieusement endommagé l’état des carreaux. Un traitement urgent de conservation et de restauration est nécessaire pour protéger ce précieux patrimoine pour les générations futures. Des sels se sont formés en plusieurs endroits, tantôt au niveau des joints, tantôt sous les carreaux, mais parfois aussi sous forme de croûtes sur les carreaux. Le volume de sels exerce une pression qui provoque le détachement des faïences, voire parfois leur chute. Certains carreaux ont déjà été retirés des murs, par mesure de précaution. Les travaux récents de réparation du toit ont permis d’éviter des dégâts supplémentaires dus aux infiltrations d’eau. Cela dit, après le toit, c’est tout le reste de la salle de bal qu’il faut à présent restaurer. Cet ensemble de carreaux est un exemple rare de céramique décorative d’une grande valeur artistique et historique. À ce titre, il mérite d’être préservé. Grâce à une restauration minutieuse et un entretien régulier, ce chef-d’œuvre de l’entre-deux-guerres pourra être sauvegardé pour les générations futures.
Maison Helman Céramiques d’Art, Les carreaux de faïence de la Maison picarde, 1922-1923, céramique, environ 100 m2, (Mouscron, Maison picarde).
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